Oser utiliser ses aménagements scolaires : un droit, pas un privilège 💪

De nombreux élèves DYS ou TDAH n’osent pas utiliser les aménagements qui leur sont accordés. Pourquoi ces blocages ? Et comment les aider à en faire un vrai levier de réussite scolaire ?

Mathilde

7/10/20255 min lire

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Utiliser un tiers-temps pendant un examen, sortir son ordinateur en classe, demander une reformulation à son professeur : ces gestes peuvent paraître simples.

Pourtant, de nombreux élèves qui rencontrent des défis d'apprentissage n'osent pas utiliser les aménagements scolaires auxquels ils ont droit (via un PAP ou PPS).

Entre peur du jugement, manque de confiance et méconnaissance de leurs aménagements, nous constatons chez Cours des possibles qu'ils et elles sont nombreux à ne pas utiliser les outils qui leur sont accordés.

Cette problématique, trop souvent invisible aux yeux des adultes, mérite qu'on s'y attarde. Car ces aménagements peuvent changer la donne… à condition d’être utilisés.

"Tu crois que je pourrais l’amener en classe ?"

Cette question, Élise l’a posée au bout de plusieurs semaines d’accompagnement avec Cours des possibles. Et c’était une victoire.

Avec sa tutrice de soutien scolaire adapté, elles avaient commencé par apprivoiser l’ordinateur à la maison, dans un cadre rassurant. Élise avait appris à taper plus vite, à utiliser un correcteur orthographique, à organiser ses dossiers. Au fil des séances, elle a gagné en fluidité et en assurance. Petit à petit, son regard sur l’outil a changé : ce n’était plus un symbole de différence, mais un vrai coup de pouce pour alléger l’effort d’écriture.

Alors, quand elle a posé cette question – "Tu crois que je pourrais l’amener en classe ?" – c’est que quelque chose avait basculé. Elle se sentait enfin assez à l’aise pour oser franchir cette étape. Car elle avait droit à l’ordinateur en classe depuis longtemps, dans le cadre de son plan d’aménagement. Mais elle n'avait jamais osé l' utiliser.

Pourquoi ? Par peur du regard des autres. Parce qu’elle ne voulait pas "être la seule avec un ordinateur en classe". Et aussi tout simplement, parce qu'elle ne savait pas bien l'utiliser.

Cette hésitation, beaucoup d’élèves en situation de trouble des apprentissages la partagent.

Un aménagement, ce n’est pas une faveur : c’est une compensation

Dans l’esprit de certains élèves – et parfois d’adultes autour d’eux – les aménagements scolaires peuvent être perçus comme un traitement de faveur. Tiers-temps, utilisation d’un ordinateur, pauses, reformulations… seraient des "cadeaux" ou des "avantages".

En réalité, ces outils sont des moyens de rétablir une forme d’équité. Ils visent à compenser un obstacle neurologique ou cognitif, afin de permettre à l’élève d’exprimer ses compétences.

Il ne s’agit pas de donner plus, mais de rendre possible ce qui l’est pour les autres sans aide.

Pourquoi certains élèves n’osent pas utiliser les aménagements auxquels ils ont droit ?

💬 Par peur du regard des autres

"Les autres vont croire que je suis bête." "Je ne veux pas qu’on me voie faire différemment." Ces craintes sont courantes, surtout à l’adolescence.

😔 Par manque de confiance en soi

Certains élèves doutent de leur légitimité : "Je ne suis pas assez handicapé pour ça", "je devrais pouvoir y arriver sans".

🧠 Par méconnaissance de leurs besoins

Un élève qui a toujours travaillé à la main peut ne pas percevoir l’intérêt de passer à l’ordinateur. Il faut parfois du temps pour prendre conscience de ce que l’outil permet vraiment, et apprendre à l'utiliser.

Mathis et le clavier invisible

Mathis, un élève de 3e avec une dyspraxie, bénéficiait d’un ordinateur depuis plusieurs mois. Pourtant, il continuait à écrire à la main, lentement, douloureusement, en s’agaçant contre lui-même.

Pourquoi ? Parce qu’il n’avait pas eu le temps de se familiariser avec son outil. Il ne maîtrisait pas bien le clavier, il ne savait pas comment structurer ses dossiers. Résultat : l’ordinateur était source de stress au lieu d’être un soutien.

Ce n’est qu’en travaillant sur ces aspects très concrets qu’il a pu, peu à peu, prendre confiance et s'approprier son outil.

Comment aider son enfant à s’approprier ses aménagements ?

Parler ouvertement de ses droits

Lui rappeler qu’il ou elle a droit à ces outils, que ce n’est ni une récompense ni une faveur, mais une reconnaissance de ses besoins.

Les tester en situation accompagnée

D'abord tester son aménagement à la maison, dans un cadre sécurisant, pour se l'approprier, est souvent la clé avant une utilisation à l'école. Chez Cours des Possibles, nous pouvons proposer à nos élèves d’apprendre à se servir de l’ordinateur pendant leurs séances de soutien scolaire adapté. Une fois qu'ils se seront familiarisés avec l'outil, ils se sentiront alors plus confiants pour l'utiliser en classe. Nous pouvons également imaginer des rôles pour qu'un·e élève ose demander une reformulation à un professeur, de l'aide à un assistant pendant une épreuve, etc.

Cela leur permet de se familiariser avec ces outils dans un cadre bienveillant.

Valoriser les réussites avec les outils

"Tu as vu comme tu vas plus vite avec le correcteur orthographique ?" "Tu as réussi à écrire une introduction complète sans t’épuiser !" Chaque petite victoire compte pour reconstruire la confiance.

🤝 Impliquer les enseignants quand c’est possible

Certains professeurs peuvent aider à normaliser l’usage de ces outils en classe, à condition d’en être informés et sensibilisés. Une communication fluide peut vraiment faire la différence.

Maïssa ose utiliser son tiers-temps

C’est aussi le cas pour Maïssa, élève de Première, qui avait droit au tiers-temps pour ses épreuves du baccalauréat. Sur le papier, tout était clair. Mais dans les faits, elle hésitait à l’utiliser.

"Je veux réussir comme les autres", "Je veux pas qu’on pense que je suis lente", disait-elle. Comme beaucoup d’élèves, elle craignait d’être stigmatisée. Alors pendant les épreuves blanches, elle ne réclamait pas son temps supplémentaire… quitte à bâcler la fin de sa copie.

Ce n’est qu’en travaillant sur sa légitimité, et en s’exerçant à gérer ce temps en situation réelle, qu’elle a fini par comprendre : ce temps en plus n’était pas un avantage, mais un rééquilibrage. Le jour du bac, elle a utilisé son tiers-temps. Et elle en était fière.

Et si c’était le début de l’autonomie ?

Quand Mathis et Elise ont enfin osé sortir leur ordinateur en classe, ils ont découvert un autre rapport au travail : moins d’efforts pour écrire, plus d’attention disponible pour comprendre, réfléchir, apprendre. Pour Maïssa, cette décision fut un vrai tournant : en s'autorisant enfin à utiliser ce qui lui était dû, elle a repris confiance en elle et a pu exprimer son potentiel jusqu'au bout de l'épreuve.

Utiliser ses aménagements, on ne le dira jamais assez, ce n’est pas "tricher" : c’est se donner les moyens d’apprendre de manière équitable, avec ses forces et ses limites. Et c’est parfois le premier pas vers une plus grande autonomie scolaire et personnelle.

Besoin d’un accompagnement bienveillant ?

Chez Cours des Possibles, nous accompagnons les élèves à besoins éducatifs particuliers dans la prise en main de leurs outils et la valorisation de leurs stratégies d’apprentissage. Nous croyons que chacun·e a droit à une pédagogie sur-mesure, qui permet d’oser, de s’affirmer, de progresser.

👉 Découvrez notre accompagnement DYS

NB : Les prénoms des élèves ont été modifiés.